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L'estive de la Grande Montaz

Lorsque je suis monté pour la première fois de la saison à l'alpage de la Grande Montaz, j'ai bien vu que la maison d'estive de Marcel D avait les volets fermés.

D'habitude, les autres années, le matin au levé du soleil quand je passais devant , je croisais toujours la silhouette caractéristique de Marcel D courbé sous ses 85 ans, travaillant dans les champs, tantôt à transférer ses vaches limousines d'un pâturage à l'autre, tantôt à refaire une clôture ou à faucher. Je m'arrêtais pour discuter un moment avec lui; quelques phrases. J'avais chaque fois l'impression de cueillir un peu de l'authenticité de la vallée en échangeant avec lui; l'authenticité de l'odeur enivrante du foin coupé, du parfum acre de bouse séchée et de lait évaporé, l'authenticité de la lenteur, de l'humilité et de la patience.

Tout l'été, je suis monté à la Grande Montaz, et tout l'été, j'ai jeté un oeil vers la cabane d'estive aux volets fermés, Que lui était il arrivé ?

Le jour de mon départ pour Paris, je suis monté une dernière fois gouter les rayons du soleil et admirer le massif s'enflammer. Et en redescendant vers 7 ou 8H, je l'ai vu au loin, j'ai distingué les lents mouvements réguliers d'une silhouette familière. Marcel D était la, fauchant l'herbe de ses pâturages avec autorité et lenteur. J'étais ému de le croiser. Je suis allé vers lui. On a échangé quelques mots. J'avais l'impression de retrouver un parent proche. C'était la première fois depuis 70 ans qu'il ne montait pas vivre à l'estive m'a t'il dit.

Je l'ai photographié, je l'ai salué, et j'ai poursuivi mon chemin. J'irai acheter sa viande cet automne. J'espère que je le reverrai l'année prochaine à le grande Montaz.

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